A Lorette, Paule et Jean-Paul
LA MUSIQUE À VENISE



Avant Vivaldi, durant cinq siècles, Venise a été une école musicale de premier plan. De grands noms s’y sont illustrés au fil des siècles : les Gabrieli (oncle et neveu) ou le génial Monteverdi avaient assuré un grandiose et durable épanouissement du style vénitien: couleurs sonores fastueuses, mélange somptueux des voix et des instruments, technique du double chœur et de la polychoralité (grâce aux deux tribunes latérales de Saint-Marc ), bref, un art basé sur l'effet.

Venise est aussi la première ville à avoir ouvert une salle publique d'opéra, et, à l'époque de Vivaldi, il y en avait quatorze! Au XVIIIe siècle, le musique y est partout, dans les églises, dans les théâtres, dans les rues et sur les célèbres canaux.


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Antonio VivaldiAntonio VIVALDI ( 1678/1741)

La vie de Vivaldi nous est mal connue. Né à Venise le 4 mars 1678, sa chevelure rousse et son ordination en 1703 lui ont valu le surnom de Prete rosso, «le Prêtre roux ». Puis, en raison de problèmes de santé, il ne sera plus autorisé à célébrer les offices religieux.
En 1703, en accédant au poste de Maestro di violino à l’Ospedale della Pietà, il avait la charge de l'éducation musicale de jeunes orphelines. Il exercera cette fonction jusqu’en 1740, avec diverses interruptions, essentiellement pour voyager. Sa réputation de violoniste virtuose, ainsi que celle de compositeur fut donc reconnue dans tout le monde musical de l’époque.
Puis, en 1740, dans des conditions restées mystérieuses, il quitte à nouveau Venise pour Vienne où il meurt l'année suivante, en 1741. Dès lors, il tombe très vite dans l'oubli, chose logique à une époque où la vie musicale se nourrit d'abord de nouveauté et de contemporanéité.
Outre ses tâches pédagogiques à l’Ospedale della Pieta, le musicien était tenu de fournir de nombreux ouvrages destinés à être exécutés en ce lieu. De la musique instrumentale d'abord, à laquelle vinrent s'ajouter à partir du milieu des années 1710 des compositions religieuses.
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Il semble que le Gloria RV 589, fut composé vers la fin de 1716, pour une messe d'action de grâces en l'honneur des victoires remportées dans les Balkans par les Vénitiens et leurs alliés contre les Ottomans,
Cette partition d'un relief et d'une variété éblouissants, introduite par un énergique chœur en ré Majeur illustre le goût du brio et de la virtuosité qui guide Vivaldi, sans pour autant négliger le sens du texte latin.
Chanté un 2 juillet, fête de la Visitation et fête de la Pietà, il concentre les principaux procédés d'écriture caractéristiques du compositeur, mais offre également une vision de ce que pouvait être la musique religieuse italienne au XVIII ème siècle en général et à Venise en particulier.
En effet, cette oeuvre confirme la désaffection pour le style antique (style ancien), afin de laisser place à une écriture influencée par l’opéra.

Contemporain du Gloria, le Magnificat RV 610 se veut plus recueilli et plus économe dans l'expression.
Tout le génie de Vivaldi est dans ces oeuvres : avec très peu de moyens et des solutions très simples, il sait toujours libérer une exubérance jubilatoire, imprimer une rythmique franche et jaillissante, obtenir une puissance expressive directe et naturelle, charmer par des sonorités suaves et toujours homogènes. Il foisonne d'idées, dynamiques, plaisantes, qu'il nourrit de petites variantes simples mais toujours bienvenues, sachant ainsi, aujourd'hui encore, gagner un public large et fidèle.
Citons Roland de Candé qui a si bien su prendre la défense du maître vénitien: Une musique libre et impétueuse, claire et universelle, qui touche les fibres essentielles de la sensibilité humaine.

Les versions du Magnificat et du Gloria présentées dans ce concert sont pour chœur et orgue, les airs de solistes étant joués par des instruments à vent : flûtes traversières, hautbois et cor anglais.
Pour le Magnificat, seuls les chœurs sont présentés, et le Gloria est donné dans sa totalité.

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